7.12.11

On ouvre un livre au hasard et on lit



Je ne sais pas mais je SAIS
Voilà ma saison qui anticipe sur l'automne dans les pays
où il ne fait jamais nuit
Où les jours ne diminuent pas de la respiration d'un
oiseau qui vole
S'il vole c'est que je SAIS
L'hirondelle a la forme de mes mains
C'est pourquoi elle rase le sol quand il va pleuvoir
Mais il fait beau si beau que ce n'est plus ici ni ailleurs
C'est plus tard dans une clairière
Dans une clairière tout au fond d'une mine
Où plonge un ascenseur empli de pierres
Qui sait
Chute du ballon
Savoir est très court et ceci de par tous les alphabets
du monde
On dit savoir comme on dit Je t'aime
Mais les lèvres n'ont pas toujours pour elles le rayon de
soleil qui fait que dans certains pays il ne fait
jamais nuit
Les lèvres ne sont pas toujours ces échelles de soie
Les lèvres ne s'entrouvrent pas toujours sur ce
qu'on SAIT
Quand on croit à la divination à son long
cortège d'astres et de corolles
Corolles ai-je prononcé le mot Corolles
Corolles je SAIS Dans cette corolle il y a
un haut-le-corps.

André Breton

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