8.11.03

8 novembre 2003

Le temps et sa géographie
Haut ciel, grands froids. Ouvrir les armoires, faire réserve : légumes d'hiver, robustes tisanes, alcools vieux. Monsieur Thompson se prend pour un ours et dort tout le jour; il ne redevient chat que pour les caresses et les feulements que suscite son remarquable appétit. Je fais mes souhaits : un hiver robuste, sec ; glacial avec grand soleil ; journées lentes mais mois rapides. Voilà. Hocus pocus.

En tête
Trop de choses en tête. Oui, oui. Les derniers mois furent pleins de mouvements, de doux bruits et de fureur. On en reste étourdi. Mais d'abord tenons-nous-en aux publications. Les exemplaires gratuits du numéro zéro de Chapugadget ont finalement été distribués. Ne reste plus que les 10 exemplaires commerciaux (tirage de tête) que l'on peut se procurer pour le prohibitif prix de 30 $ l'unité. Le prochain numéro va certainement voir le jour cet hiver et devrait inclure le manifeste du Mouvement Lent. Le recueil d'aphorismes d'Emmanuel Lochac, le Charbonneur de murailles, vient tout juste de sortir de presse. Il faut remercier Pierre Peuchmaurd et Marie Saraiva pour la découverte de cet auteur exceptionnel qu'on sauve ainsi un peu des oubliettes.
Sinon, quoi d'autre? Ah ! La phynance ! On a appris en septembre que pour la première fois le Québec accordait quelques sous à la maison, ce qui nous permet de respirer un peu après les étouffements de l'été. Pour la première fois également, L'Oie de Cravan s'est retrouvée — par amitié — producteur de spectacles. D'abord Christina Carter et Maria Chavez à la Casa del popolo. C'était le 17 octobre, le soir même du retour d'une brève excursion à Paris où j'avais tenté (difficilement) d'établir certains liens pour la distribution là-bas de nos livres de poésie. Brumes du décalage horaire donc et la musique de Christina et Maria était l'incarnation parfaite de ce décalage : un univers autre, flottant à côté, surprenant par sa cohérence et sa douceur. Le lendemain soir, c'était l'arrivée de Geneviève Castrée venue en résidence terminer son livre. Elle en a profité pour donner un spectacle le 2 novembre à la Casa (sous le nom de Pipi Migou) en compagnie de Little Wings (Kyle Field). Écoute exceptionnelle toute la soirée. Certains ont découvert l'intensité de Kyle, tous ont découvert la voix de Geneviève, sensible et juste qui, comme ses bandes dessinées, n'est qu'une autre facette de sa poésie.

Ce qui vient
Bien entendu, Pamplemoussi de Geneviève Castrée va paraître puisque qu'elle l'achève dans la pièce d'à côté. Il sera accompagné d'un 33 tours de ses chansons. Puis viendront beaucoup d'autres choses, poésies et machinations. Mais d'abord un peu de lenteur, de lenteur que nous tenterons de ne pas avoir trop sereine cependant. « L'ennui pour la sérénité, c'est qu'elle est mitoyenne de l'idiotie » (Emmanuel Lochac).

19.8.03

19 août 2003

Le temps et sa géographie
Temps lourd et précipité depuis les fêtes du bénéfice, certains jours disparaissent rapidement, ce qu'on appelle des jours d'été. Fêtes magnifiques, trois soirées pleines à plaisir, remplies de quelque chose d'unique qui fait craquer. La phynance s'en est bien portée, le cœur aussi. Et maintenant, lentement, quelque chose s'infiltre dans l'air ; une fraîcheur, un réconfort commencent à ouvrir les soirées. L'août a franchi sa moitié, l'automne ouvre grand la bouche : adieu canicules meurtrières, on peut respirer. Et pourtant...

En tête
Il y a quelques heures à peine que l'on a retrouvé le corps de Roland Giguère flottant dans la rivière des Prairies. Tristes jours pour la beauté, pour la poésie : Marie Trintignant, Roland Giguère, comment dire ce que ces deux-là avaient d'essentiel et de semblable à mes yeux malgré la distance, à cause de la distance. Giguère, lui, savait franchir les distances entre deux mots, entre deux réalités : il savait nommer ce que tisse le sang qui passe d'un monde à un autre. Il était ce pont obligé qui sait « qu'il y a trois fois plus d'eau que de terre et que la terre est une bille noire ». Il est ce pont noyé dont nous resterons les obligés. Ceci est particulièrement vrai pour moi. Non pas parce qu'il eut la gentillesse de m'écrire ce mot qui devint la prière d'insérer du recueil le Démon familier, mais simplement parce qu'il a prouvé par toute sa vie qu'ici aussi, depuis une rue du Ahuntsic de mon enfance, on peut saisir le monde par la racine et le garder en soi. « Les animaux s'agitaient rugissaient, le ciel rougissait, la forêt vierge hurlait de douleur, le sable absorba autant de vagues qu'il put puis se noya, se laissa noyer à bout de forces, il n'était pas seul, NOUS nous étions seuls... » (Deux fois cité, c'est le Midi perdu de Roland Giguère.)

Ce qui vient
L'automne, l'hiver, le printemps, l'été. Oui. Et encore. Mais nous allons publier : d'abord ce Lochac si beau, si vieux, qui a trop tardé. Et puis sans doute Geneviève, la lointaine Castrée, qui nous fait durer de promesse en promesse. Mais nous, qui savons la lenteur, ne promettons rien.

19.7.03

Ex-voto

Remerciements à

Thierry Amar, Luc Bonin , Christina Carter, Myriam Cliche, Byron Coley, Chris Corsano, Eric Craven, Nathalie Dion, Will Eizlini, Erika Elder, Fluffy Erskine, Dredd Foole, Scott Gilmore, Gen Heisteck, Ian Ilavski , Nicolas Letarte, Gabriel Levine, Frank Martel, Michel Meunier, Thurston Moore, Jessica Moss, Jonathan Parent, Mauro Pezzente, Charles Plymell, Sam Shalabi, Pierre Tanguay, Roger Tellier-Craig, Martin Tétreault, Sophie Trudeau, Matt Valentine, Valerie Webber.

pour faveur obtenue,
c'est à dire la grâce de leur musique et de leurs mots
lors de trois soirées pour le bénéfice de l'Oie
et le plaisir de chacun qui ont eu lieu
à Montréal les 16, 17 et 18 juillet 2003.
Salle comble & extase à chaque soir.
Brûlez un cierge et buvez un coup à leur santé !


Une pensée spéciale pour la sueur divine de Louise Burns, Maïcke Castegnier, Byron Coley, Marci Denesiuk, Julie Doucet, Caro Hamel, Jeff Ladouceur, Isabelle Mandalian, Hermine Ortega, Mauro Pezzente
et les travailleurs et travailleuses de la Sala Rossa
et de la Casa del popolo.


Photo : Salgood Sam

18.7.03

Fête bénéfice de l'Oie (3)

Troisième soir : Lancement Gigi Perron
Musique de Frank Martel (avec Nicolas Letarte), Black Ox Orkestar,
Hanged Up, Diebold, Dj Sundown, sundown

Sala Rossa, Montréal, 18 juillet 2003















Photos : Salgood Sam

17.7.03

Fête bénéfice de l'Oie (2)

Deuxième soir : musique improvisée à la Casa : USA + Québec

Luc Bonin , Christina Carter, Myriam Cliche, Chris Corsano, Nathalie Dion, Will Eizlini, Erika Elder, Fluffy Erskine, Nicolas Letarte, Michel Meunier, Thurston Moore, Jonathan Parent, Mauro Pezzente, Sam Shalabi, Pierre Tanguay, Martin Tétreault, Matt Valentine.

Casa del Popolo, Montréal, 17 juillet 2003













Photos couleur : Salgood Sam
Photos noir et blanc : Barbara Mendoza.

16.7.03

Fête bénéfice de l'Oie (1)

Premier soir : More Hair Less Bush Tour

Christina Carter, Byron Coley, Chris Corsano, Erika Elder,
Dredd Foole, Thurston Moore, Charles Plymell , Matt Valentine, Valerie Webber.

Sala Rossa, Montréal, 16 juillet 2003




















Photos et dessin de Salgood Sam.
Photos de Christina Carter et Thurston Moore et de la table de vente par Laki Vazakas.

7.7.03

7 juillet 2003

Le temps et sa géographie
Jours de lourdeur (les arbres bougent mais ce n'est certes pas le vent), nuits légères (sur des vélos passent les cavaliers, guettant l'aube, glissant légèrement dans une rare fraîcheur, dans une belle ivresse).

En tête
On pense beaucoup, évidemment, à la fête-bénéfice dans quelques jours seulement; on s'inquiète et on espère. Le livre de Gigi Perron, qui va être lancé le vendredi 18 à un prix spécial (quel vendeur !), est déjà en librairie. Le jour du lancement on voulait offrir une autre publication de Gigi, un petit livre de 2 pouces par 2 pouces qui est en fait une bande de 6 pieds de long pliée en accordéon !! Le problème c'est qu'on n'arrive pas à trouver la façon de faire ce pliage extrêmement délicat et complexe. Peut-être un peu plus tard. Il faudrait rencontrer un ingénieur en pliage. Le livre de Emmanuel Lochac ne sera peut-être pas prêt non plus pour le lancement. La lenteur est une qualité, voilà ce que je me répète. Il le faut. Heureusement Chapugadget est bel et bien prêt, grâce à l'efficacité de Julie Doucet. Il s'agit d'une petite revue de « Poétique lente » entièrement sérigraphiée et d'un tirage limité à 100 exemplaires. 90 exemplaires seront donnés à des amis et les 10 autres (exemplaires d'un luxe inouï), mis en vente à un prix prohibitif pour rembourser les frais de production. Une revue snob, paresseuse et populaire, comme il se doit.

Ce qui vient
L'horaire de la fête-bénéfice est maintenant plus clair. Beaucoup de participants ; présences amies qui calment bien des inquiétudes. Il y aura certainement quelques changements de dernière minute. On suivra.

16.6.03

16 juin 2003

Le temps et sa géographie
Aujourd'hui à Dublin, temps ensoleillé et 17 degrés sur l'échelle Celsius. Aujourd'hui à Dublin, le temps passe : il y a presque cent ans, James Joyce y rencontrait Nora Barnacle qui partagera sa vie. Aujourd'hui à Dublin, le temps ne passe pas et Leopold Bloom vit éternellement son 16 juin dans les pages d'Ulysse de ce même monsieur Joyce. Ce qui n'empêche pas, plus modestement, le temps humé de notre balcon sur la rue Waverly à Montréal d'être tout à fait marin : soleil et vent, azur d'œil de verre; un temps de piraterie et de grand large qui permet de croire à tout. Il y a même une mouette qui rigole.

Ce qui vient
Puisqu'aujourd'hui on veut bien croire à tout, voilà que les projets se précisent : Bande d'humains de Gigi Perron ainsi que le charbonneur de murailles de Lochac seront lancés le 18 juillet qui vient à la Sala Rossa, ceci dans le cadre de la fête-bénéfice de L'Oie de Cravan. Ce projet de fête a été mis sur pied pour contrer notre mauvaise fortune phynancière (subvention refusée — on y reviendra : aujourd'hui il fait trop beau !). La fête devrait se dérouler sur trois soirées. Voici un peu où nous en sommes :
- Mercredi 16 juillet à la Sala Rossa, lecture de poésie en anglais et musique avec Byron Coley, Thurston Moore, Charles Plynell, Valerie Webber, Dredd Foole, Chris Corsano, Christina Carter et plusieurs autres.
- Jeudi 17 juillet à la Casa del popolo, musique improvisée et lecture de poésie en français avec la plupart des musiciens de la soirée précédente et Sam Shalabi, Will Eizlini, Mauro Pezzente, Fluffy Erskine, Luc Bonin et plusieurs autres à confirmer.
- Vendredi 18 juillet à la Sala Rossa, lancement des livres de Gigi Perron et Emmanuel Lochac et grande fête avec musique par Diebold (Sophie Trudeau et Ian Ilavsky) et Hanged Up (Gen Heistek et Eric Craven) et plein d'autres que nous confirmerons bientôt !

9.6.03

9 juin 2003

Le temps et sa géographie
Vent terrible, boîtes de carton affolées qui se jettent devant les automobiles. La rue Bernard, heureusement excavée, porte un simoun particulièrement violent qui ouvre la soif et favorise les mirages. Nous allons justement à la rencontre d'une oasis rêvée.

En tête
Hier soir à la Casa del popolo, un concert d'une force inouïe : Chris Corsano (batterie) et Paul Flaherty (saxophone). Flaherty est un puissant et subtil souffleur, une montagne à barbe blanche qui nous vire à l'envers par tous les étonnants moyens à sa disposition. Corsano, c'est un fou furieux, un acharné d'une énergie extrême qui hurle sang et sueur. On pense à certains moments du Pour en finir avec le jugement de dieu d'Artaud. Il suffit de fermer les yeux pour percevoir toute la beauté de la musique que crée ce forcené, c'est geyser et désert, c'est jeune et ancien, et ça nous touche. Par ailleurs, Flaherty et Corsano sont, hors du rite, des gens charmants — on s'en doutait. Chris Corsano le prouve : il aura la gentillesse d'être à nouveau à Montréal très bientôt pour deux des trois soirées-bénéfices que L'Oie de Cravan se promet d'organiser en juillet (les 16-17-18 ! À confirmer).

Ce qui vient
C'est la beauté de l'édition bêtement humaine : toutes sortes de petits problèmes sont venus retarder la parution du livre de Gigi Perron, Bande d'humains. Mais comme l'ouvrage est maintenant chez l'imprimeur il semble certain que l'on va pouvoir goûter la chose très bientôt. Ceci en compagnie du livre d'Emmanuel Lochac, le charbonneur de murailles, présenté par Pierre Peuchmaurd. On fera une fête. Ça aussi c'est humain.