Avril, et qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? Pierre Peuchmaurd n'est plus présent. Sale temps, sale géographie. Le nord est perdu. Et pourtant on continue. Il ne l'aurait pas voulu autrement. Pour la poésie et par curiosité. La suite des choses, voyons-voir où ça va nous mener. On se plante un clou tout en haut de la boussole. Ça fait mal, mais on ne perd rien pour attendre : il y aura bien un moment où on pourra rire. On l'entend ce moment. C'est déjà toute une musique.
En tête
On aurait presque envie de s'y mettre tout de suite, à la rigolade. En effet, le Marché de la poésie de Montréal a annoncé son thème pour cette année : «Héritages du surréalisme». Allons donc! C'est à ne pas manquer. Une trentaine d'activités seront proposées sur le sujet, dont un colloque dirigé par Claude Beausoleil, une sommité. Tout cela est fort amusant. Une seule chose est certaine : rien de ce qui pourra se dire ou se faire dans un tel contexte n'aura le moindre rapport avec l'esprit de révolte qui fut et demeure au coeur du projet surréaliste. Mais ce qui fait moins rire, avouons-le, c'est de lire que L'Oie de Cravan va participer à un «Cabaret surréaliste». Là, je vous arrête tout de suite, messieurs dames : L'Oie de Cravan, sans se prétendre particulièrement «révoltée» ou «surréaliste», est une honnête maison. Nous ne ferons pas de «Cabaret surréaliste». Il y a des choses dont il vaut mieux ne pas trop se moquer. Après tout, il arrivera peut-être ce jour où le surréalisme le touchera, ce fameux héritage. Pour rire, on va préférer cette compagnie.
Ce qui vient
On parle beaucoup de rire et de plaisir mais il n'y a pas que ça dans la vie, il y a le dur labeur de l'éditeur. À L'Oie de Cravan, on le sait, on se méfie du travail. Mais on aime bien faire des livres. Alors voilà en vrac ce qui vient. D'abord, fin mai, une petite plaquette d'un auteur pas trop connu. Il s'agit d'une nouvelle collection dont le nom est encore à trouver. Le livre, lui, s'appellera «Cahier de neiges». Ensuite, ce sera une seconde parution dans la même collection : l'excellent «Hourra pour Shane» de Shane Brangan. On prend déjà le risque de vous annoncer le troisième titre de cette collection pour l'automne prochain : «Nanoushkaïa» de Bérengère Cournut. La même époque verra naître d'autres jolies choses : on parle de bandes dessinées de Simon Bossé, de Obom, de nouvelles de Thierry Horguelin, et même de poèmes du fin Patrice Desbiens! On murmure qu'il y aura des livres du critique Byron Coley et du chanteur Michael Hurley. Mais ça, on n'ose le croire. C'est si loin demain et le chemin reste tout à faire. On se guide à la musique, à la toute petite musique rigolarde qui semble venir de là-bas.
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