15.11.17

15 novembre 2017

Le temps et sa géographie

Pfff : les jours, les mois, les années ; tout ça tournoie, tout ça va si vite qu'on n'arrive même plus à se pencher pour voir le sol qui change au gré des saisons. Où trouver le temps ? Il est volé, on l'a dessiné plus rapide, plus efficace que jamais : moins vivant, moins humain ; peut-être près du rêve humain, de certains humains… La vitesse, la vitesse : et pour aller où, je vous le demande ? Enfin, quand on est lent, on constate, de temps en temps, qu'on n'a pas donné de nouvelles, qu'on n'a pas écrit sur un blog, un journal, un papier, depuis des temps reculés. Et on s'étonne ensuite de sentir qu'on pourrait perdre le nord, au moment même où il descend sur nous — avec ses glaces, ses nuits sans fin et sa blanche solitude grise. C'est donc l'automne qui se termine, l'hiver qui fond sur nous, qui tombe comme cette nuit de quatre heures de l'après-midi, qui ne nous laisse pas de chance, qu'on ne va pas combattre : on va s'y mouler, s'y couler, y trouver son confort, ses aises. Allumons des feux, c'est l'habitude, le solstice sera traversé, c'est l'habitude. On appelle ça le rituel. On appelle ça la confiance. Que peut-on faire d'autre? Ailleurs, c'est la terreur. On regarde le sol geler, on prend enfin le temps.

En tête

L'année qu'on vient de traverser était celle des vingt-cinq ans de L'Oie de Cravan. Étonning, not ? Ça aussi c'est le tournoiement. En avril on a bien fêté, on a bien fêté toute l'année. Maintenant on se prépare un repos relatif au milieu de toutes les balises dressées. On se prépare à accueillir le passage à une autre saison, à une autre année ; surtout à un autre petit personnage, un lutin attendu qui viendra nous tenir compagnie. On attend un enfant. Il n'y a pas de meilleure attente : voilà qui occupe la tête, le cœur et le corps. Pour passer le temps, on participe à des foires. Il s'agit d'exhiber ses accomplissements, de faire le fier dans des salons. Ce qui, secrètement, n'exclut ni le doute, ni l'introspection. L'Oie de Cravan est donc au Salon du livre de Montréal, au stand 533 tenu par notre distributeur, Dimedia. Cette année on tente de rendre plus humain ce lieu sec et mort, ce hall de la place Bonaventure où se tient le Salon. On veut lui faire un sort. On a des lampions, du vin, du pastis, un siège bean-bag, le beau sac que nous a dessiné Obom, des lampions, des lampions… Et puis, bien sûr, nos livres. Tous ceux qui ont tracé notre histoire et les nouveautés, les beaux textes que nous ont confiés Daphné B., Jonathan Doré, Julie Roy et Natalie Thibault. Venez nous voir. Je pense aussi à prendre quelques clémentines, à laisser l'humide monter en poésie. Faudrait bien que, magie magie, le stand de L'Oie devienne oasis. On croit rêver, on doit bouger.

À venir

Après ce salon, si le bébé qui vient le permet, nous serons encore à une dernière foire, la plus belle : le salon des artisans en petites publications Expozine, les 25 et 26 novembre, au 454 Laurier Est, en notre ville de Montréal. Nous pensons y faire une vente de feu, nous y serons souriant. Ensuite ? Une page énorme va se tourner, ce sera 2018 et cette vie nouvelle sera là, et tant de livres… Jean-Christophe Réhel, Geneviève Elverum, Joël Cournuault et bien bien d'autres choses. Surtout, surtout, surtout, l'histoire folle d'un petit monde immense et secret va se poursuivre. C'est à nous, à vous, tout ça. Ne les laissez pas vous convaincre du contraire.


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