Le temps et sa géographie
On ne sait que dire : la mâchoire est coincée, la langue surgelée, le clavier glacial. L'hiver s'amuse à jouer au yoyo sub-polaire, à nous glacer le sang et les idées. -20 degrés, un jour; -5 le suivant; -15 le surlendemain. On veut notre peau : détachée et séchée à froid. On ne l'aura pas. On s'active, on se réchauffe le coeur : on fait réduire des bouillons, on distille des poèmes, on hume des alcools, on s'invente des fourrures pour traverser toutes les glaces. On se répète le nombre astronomique d'heures de grande patience avant le printemps et on s'efforce d'en rire. Il le faut. Rire face à ce froid qui n'est pas que climatique, malheureusement.
En tête
Il y a aussi les bonnes pensées. Les bonnes pensées, comme les mauvaises d'ailleurs, sont excellentes. Elles empêchent d'accorder trop d'importance à l'état du monde, aux massacres permanents de la sensibilité auxquels nous sommes soumis. Une bonne pensée est celle de la poésie qui continue à trouver des chemins de traverse malgré tous les obstacles. Alors qu'on clame (et c'est sans doute vrai) que le livre va mal, il y a une bonne douzaine de recueils de poésie parmi les 50 meilleurs vendeurs de 2014 de la librairie Le Port de tête de Montréal. C'est exceptionnel, bien sûr, mais néanmoins rassurant. Une autre bonne nouvelle est la mise sur pied d'un volet poésie au Prix des libraires du Québec. Je ne raffole pas particulièrement des divers prix du monde littéraire, souvent porteurs d'une compétition et d'une vision du monde qui ne me touchent guère. Ce prix, celui des gens qui travaillent en librairie, a un autre sens — il dit la possible présence de la poésie dans notre champ visuel, comme un feu dans l'étendue glacée. C'est déjà ça. Ainsi, la joie pour nous d'y avoir deux titres en nomination. À L'Oie, on va d'ailleurs se faire un beau petit feu de camp avec les amis de la librairie/imprimerie La Passe. Ce sera notre braderie de printemps en plein février! Au fil des années, les livres légèrement endommagés sont retournés aux éditeurs par le distributeur. Nous en avons accumulé un bon paquet et nous les mettons en vente à 5 pour 5 piastres seulement, le samedi 14 février de midi à cinq heures, aux locaux de La Passe, 1214 de la Montagne, à Montréal. Il y a des détails ici.
À venir
On sait l'importance de Myriam Gendron pour L'Oie. Il n'est pas inutile de rappeler ici qu'elle a sorti en mars 2014 un disque vinyle exceptionnel consacré à la poésie de Dorothy Parker. Ce disque en sera bientôt à sa troisième réimpression par l'étiquette Feeding Tube Records. L'Oie de Cravan s'est associée avec ce label pour sortir en co-édition un 45 tours 7" de deux chansons qui ne sont pas sur le vinyle, soit Bric-à-brac et The Small Hours. On peut voir ici la belle pochette réalisée pour ce disque par Kiva Stimac de Popolo Press. Ce 7" sera lancé le 4 mars à la Casa del popolo de Montréal en même temps que la version CD de l'album, qui sort enfin chez Mama Bird Recording Co. et qui va inclure ces deux chansons. Autre bonne nouvelle, c'est Myriam qui assurera la première partie du spectacle de Michael Hurley le 24 avril à La Vitrola! Tout cela ne nous fait pas oublier que L'Oie de Cravan est d'abord un éditeur de poésie et que de très belles choses s'en viennent au mois de mai pour nous. Il y a d'abord la poésie belle et folle de notre complice Éric Simon, dont nous avions publié le récit La visite du cerveau. Puis, les œuvres complètes d'une dame d'exception, la surréaliste Nicole Espagnol, décédé en juin 2006, à qui Alain Joubert avait rendu hommage dans le très beau Une goutte d'éternité. Plus tard, lorsque l'été sera passé, nous retrouverons Patrice Desbiens, Maxime Catellier, Thierry Horguelin et Sébastien B. Gagnon.
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