Le temps et sa géographie
Un redoux tout en grisailles sur la ville. Après les brutalités climatiques sub-polaires que l'on vient de subir, on veut nous faire croire à un printemps prochain. Prenons donc des airs optimistes mais en se gardant le malin sourire de la méfiance. On connaît le pays, on connaît ses traîtrises, ses glaçons, ses tempêtes de neige du joli mai. Gardons le cap : il reste bien des févriers à traverser. Pour confirmer l'emprise du froid, la nouvelle vient de nous arriver de la mort de Philip Seymour Hoffman. Un acteur ! Et lointain. Ça ne devrait guère émouvoir. D'où vient alors ce serrement à la gorge ? D'où vient le sentiment de perdre un proche ? C'est sans réponse mais il y a des présences qui ne tiennent pas compte des distances, des proximités et des éloignements. Et puis, il y a que François Cavanna est mort aussi, il y a 4 jours. Il semble qu'ils étaient du même parti, du même bord des choses, malgré toutes les distances justement. En tout cas, ils étaient de ces êtres qu'on garde dans la famille, en pensée : un peu de l'été dans l'âtre des hivers qui s'allongent.
En tête
Heureusement, une belle chose vient d'arriver à L'Oie, à la poésie : Geneviève Desrosiers encore et toujours ! C'est à la une du Cahier des livres du journal Le Devoir de ce samedi : Geneviève Desrosiers, la lumière indélibile. L'Oie de Cravan en première page du Cahier des livres de ce journal, c'est une première — ça fait plaisir — mais ce qui réchauffe le cœur surtout c'est un tel article consacré à la poésie véritable, au véritable feu permanent que gardent les mots de Geneviève Desrosiers, plus de 15 ans après sa mort. Il faut féliciter Catherine Lalonde pour avoir osé, pour avoir donné tant de place à un livre qui ne vient pas de sortir mais qui est d'une brûlante actualité. Pour ce qui est de notre tranquille mais constante actualité éditoriale, le recueil des aphorismes complets de Pierre Peuchmaurd, Fatigues, devait sortir à la fin de l'année dernière mais il se serait trouvé perdu au milieu des bêtes festivités de fin d'année. C'eût été triste. Nous avons préféré mettre le temps de notre côté et y aller avec toute la lenteur requise : la mise en page est terminée et il verra le jour dans un mois. C'est un ouvrage qui donne le vertige : 228 pages, quatre recueils rassemblés qui donnent à lire la parfaite maîtrise qu'avait Pierre Peuchmaurd de cet art de l'éclair en quelques phrases qu'est l'aphorisme. Il paraîtra en même temps que deux petits livres de la collection Le fer & sa rouille, notre collection de plaquettes cousues main, à tirage limité. Ce sont des manières de contes, si l'on veut, des enchantements : Serviteurs, les princesses de Anne-Marie Beeckman et Wendy Ratherfight de Bérengère Cournut.
À venir
Ce qui vient ensuite n'a pas à voir directement avec L'Oie de Cravan mais c'est un plaisir qu'on ne peut cacher : pour toutes sortes d'excellentes raisons, Myriam Gendron est centrale à notre activité. Elle va faire paraître à la fin février un album de chansons qu'elle a créées à partir d'une vieille anthologie de poèmes de Dorothy Parker, Not So Deep as a Well (1936). L'album va sortir bien sûr sous forme digitale — comme c'est l'usage aujourd'hui — mais également sous forme de disque vinyle. On a très hâte de tenir l'objet ! On peut trouver d'autres renseignements sur cette page et y écouter « Solace », le premier extrait de l'album. Pour ceux qui se sont perdus dans cette direction, il existe même une page facedebouc en pleine construction : ici. Admirateur, l'éditeur n'en arrête pas pour autant ses activités et c'est à la fin mars qu'on devrait voir apparaître J'aime les filles, la toute nouvelle bande dessinée de OBOM ; quelque chose qui devrait décidément nous faire tenir jusqu'au printemps. On en reparle ici-même très bientôt.
1 commentaire:
Quand on lit Geneviève Desrosiers, on sait qu'on fait quelque chose qu'on n'oubliera jamais. Et quand, des années plus tard, on se souvient qu'on l'a lue, on la relit, et on entre à nouveau dans l'inoubliable.
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