cette calme pluie sur la campagne
que nous avons aimée
cette pluie lumineuse
et tu marchais vers moi
sans me voir
au fil de la rue familière
et sur tes lèvres, tes épaules, sur tes hanches
sur les passants sur les pavés sur les façades ruisselantes
bougeait un triomphal soleil oblique
un jour encore, cette pluie sur un toit d'ardoise
et de zinc déchiré
cette pluie sur le sable sur les vagues
sur tes bras nus
à l'instant où il commence de faire froid
cette pluie derrière nous dans la cour
alors que nous regardons sans rien dire
l'immortelle Mémoire
et dans le noir dans le noir
après les terreurs de l'orage
cette immense pluie chantante, délivrée
avec au fond de l'espace le dernier éclair silencieux
et dans la tête la parole qui ne sera jamais prononcée
cette immense pluie de souvenirs
et peut-être aussi la petite goutte brillante
qui tremble à l'extrême de tes cils et de ton coeur
et tombe sur ta joue ou sur ma main
écoute
Georgette
ô mon amie
ma grande magie bleue
Georgette chérie de ma jeunesse
12 mai 1952, Paul Nougé
Ce soir, 10 mai 2012, soixante années plus tard, la pluie est toujours là.
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