22.12.11

21 décembre 2011



Le temps et sa géographie

Temps et géographie au plus resserrés, temps qui passe, temps bon à se tenir au chaud. Le jour le plus court de l'année, à la maison. On a fait mijoter des bouillons de réconfort, on a compté les alcools et écrit des lettres à la main. Hier soir, il faut le croire, un sapin fut même décoré à la maison avec l'aide et le regard de Rio qui, de la sagesse de ses dix ans, sait que l'odeur et la silhouette de l'arbre aident beaucoup la traversée de ces jours. Paradoxalement, ça permet de se tenir éloigné du Noël sordide qui emplit nos rues de gens absents qui courent et courent. Ce soir, la pluie verglaçante n'a pas empêché d'aller lentement écouter les amis Glenn Jones et Cian Nugent à la Casa del popolo. On se réchauffe comme on peut, sur des cordes de guitares bien sèches et douces, ou en écoutant oncle Glenn raconter les aventures de John Fahey comme lui seul sait le faire. Hostie de comique.


En tête

En tête, pas grand-chose, ou trop de choses. C'est ça, hiberner son jour le plus court. Mais tout de même, encore un poème trouvé qui semble coller juste — à ce jour de peu de lumière, oui, mais surtout à cette musique. En tout cas, j'ai lu par hasard ce court texte (qui est de George Oppen) en écoutant ce Canto do amanhecer.

LE POÈME

Poésie du sens des mots
Nouée à l'univers

Je crois qu'il n'y a pas de lumière en ce monde
sinon ce monde

Et je crois que la lumière est







À venir

En février qui vient, L'Oie de Cravan aura 20 ans. Voilà qui est à peine croyable. Et pour l'instant, on va rester incrédule. Que faire de cette information, sinon rêver aux livres qui viennent, aux livres ralentisseurs de l'année à venir ? Rêvons à tout hasard de textes de Joël Gayraud, Laurent Albarracin, Shawn Cotton, Bérengère Cournut, Thierry Horguelin et Katerina Iliopoulou ; de livres d'images de Simon Bossé et Michel Hellman ; et d' une traduction de Edgar Allan Poe par Alice Becker-Ho. Tout cela, ce serait déjà célébrer. On trouvera bien, en plus, le moyen de lever notre verre à la santé des ans !



8.12.11

On ouvre un livre au hasard et on lit



Toutes mes bêtes sont endormies
Je suis trop loin
La vie est plus belle qu'on ne le dit
Plus longue que je ne croyais

J'entends crier dans mon sommeil


Jehan Mayoux, Au crible de la nuit

7.12.11

On ouvre un livre au hasard et on lit



Je ne sais pas mais je SAIS
Voilà ma saison qui anticipe sur l'automne dans les pays
où il ne fait jamais nuit
Où les jours ne diminuent pas de la respiration d'un
oiseau qui vole
S'il vole c'est que je SAIS
L'hirondelle a la forme de mes mains
C'est pourquoi elle rase le sol quand il va pleuvoir
Mais il fait beau si beau que ce n'est plus ici ni ailleurs
C'est plus tard dans une clairière
Dans une clairière tout au fond d'une mine
Où plonge un ascenseur empli de pierres
Qui sait
Chute du ballon
Savoir est très court et ceci de par tous les alphabets
du monde
On dit savoir comme on dit Je t'aime
Mais les lèvres n'ont pas toujours pour elles le rayon de
soleil qui fait que dans certains pays il ne fait
jamais nuit
Les lèvres ne sont pas toujours ces échelles de soie
Les lèvres ne s'entrouvrent pas toujours sur ce
qu'on SAIT
Quand on croit à la divination à son long
cortège d'astres et de corolles
Corolles ai-je prononcé le mot Corolles
Corolles je SAIS Dans cette corolle il y a
un haut-le-corps.

André Breton